Avec le changement climatique, les projets viticoles se multiplient en Bretagne
Avec le changement climatique, les projets viticoles se multiplient en Bretagne
Du fait de la hausse des températures et de nouveautés réglementaires, certains vignerons de la région songent même à solliciter, à terme, une appellation d’origine contrôlée.
LE MONDE | 05.04.2018 à 06h17 • Mis à jour le 09.04.2018 à 15h54 | Par Nicolas Legendre (Rennes, correspondance)
Où que l’on regarde – Nord, Sud, Est, Ouest –, on aperçoit l’océan. La presqu’île de Quiberon (Morbihan) culmine en cet endroit précis à 33 mètres au-dessus de l’Atlantique. « J’adore ce terrain. Il est puissant, il est beau… Ici, je “sens” du blanc ! », confie Catherine Decker, patronne du restaurant étoilé Le Petit Hôtel du grand large, installé non loin, à Portivy.
Ce « blanc » dont parle Mme Decker ? Du vin. Le terrain en question est un coteau de 2 500 mètres carrés, récemment défriché. Avec son mari, le chef Hervé Bourdon, et la vigneronne champenoise Françoise Bedel, elle prévoit d’y planter de la vigne dans les prochains mois. Les premières vendanges devraient avoir lieu, sauf contretemps, en 2024. A terme, il s’agit de cultiver trois à quatre hectares, de vinifier localement et de « prouver qu’on peut faire du bon vin en Bretagne ».
Il y a encore dix ans, une telle ambition, dans une région exempte de vignobles professionnels, aurait pu susciter des sarcasmes. Les effets des dérèglements climatiques, auxquels s’ajoutent certaines évolutions réglementaires, changent la donne. En Bretagne, il faut parler de « retour » et non d’« apparition » de la vigne. Des indices archéologiques témoignent de pratiques viticoles dans l’extrême ouest de la Gaule dès l’aube de notre ère. Les Bretons ont, par la suite, concocté du vin durant des siècles.
A partir de la fin du Moyen Age, la possibilité de s’approvisionner par voie maritime en produits de meilleure qualité, ainsi que le refroidissement des températures lié au « petit âge glaciaire », ont fait diminuer la production. La diffusion du pommier à cidre et la prolifération, au XIXe siècle, de maladies comme le phylloxéra, ont contribué à son déclin.
Au début du XXe siècle, l’arrachage contraint de certains cépages et l’interdiction, pour diminuer les effets de la surproduction, de planter de la...
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LE MONDE du 9 Avril 2018